Rock Zombie, l’indépendant mort-vivant.
Rock Zombie nous rappelle à quel point le nanar vidéo-ludique est quasiment un genre à lui tout seul. Ces jeux sont tellement mauvais que, parfois, ils deviennent de véritables petites perles de mauvais goût et s’emparent même, parfois, du statut de jeu culte. Pour les plus récents, on peut citer Force de Défense Terrestre 2017, X-Blades, Onechanbara ou encore l’invraisemblable adaptation de Bienvenue chez les Ch’tis. Ces softs alignent les énormes défauts, les directions artistiques douteuses, les gameplays saugrenus, et pourtant il s’en dégage une vraie magie. Parce que, sérieux, qui peut résister au charme d’une femme pixelisée grossièrement, à moitié nue, voire déguisée n’importe comment, en train de défourailler du monstre débile ? Personne bien évidemment, et les développeurs de Rock Zombie le savent, mais il faut tout de même que le jeu assure un minimum pour créer une alchimie singulière. Celle qui fait que certains passent des soirées à regarder des films avec Chuck Norris en mâchant une pizza trop grasse accompagnée d’une douce bière bon marché. Rock Zombie atteint-il ce niveau d’excellence nanardesque ?
You Rock Zombie my world.
Rock Zombie, c’est l’histoire d’un groupe de rock composé de trois femmes : Sasha, Zoe et Crystal. Idoles d’un public pas trop difficile, elles ont la particularité, une fois les guitares et batteries rangées, d’être aussi des sorcières adeptes de magie noire. Ça swingue grave, la basse emporte la foule en délire, et c’est alors que l’un des concerts du groupe est interrompu par une invasion de morts-vivants. Ni une, ni deux, notre trio de femmes fortes part à la recherche de l’origine de cette catastrophe, et débute alors dans Rock Zombie un long périple qui les emmènera jusqu’aux confins de la ville.
Rock Zombie a tendance à faire peur dès les premiers instants de jeu. Pas que l’ambiance soit si bien travaillée qu’elle en deviendrait oppressante, non. Mais plutôt parce que raconter l’histoire de Rock Zombie, débile au possible et purement prétexte, au travers de comics tellement laids que c’est difficilement imaginable, est quelque chose d’effrayant. Mais qu’a-t-il bien pu passer par la tête de Quaternion Studio pour oser proposer une telle catastrophe visuelle en tant qu’ouverture ? Si le marketing de Rock Zombie annonce une « incroyable histoire racontée par le biais de 300 cases de bande dessinée entre les scènes d’action », il oublie de prévenir que le tout est emballé avec les rendus 3D des personnages du jeu, ainsi que des décors. Alors certes, l’histoire de Rock Zombie est plus que secondaire, mais quand les premières images d’un jeu sont aussi hideuses, on se dit qu’on est face à un ratage complet qui ne prend même pas la peine de mettre un minimum de force. Et on n’a même pas encore véritablement joué à Rock Zombie…
Rock Zombie est un beat’em all, un genre qui fut, bien souvent, synonyme de qualité par le passé. Street Of Rage 2, Final Fight, Double Dragon, des titres que bien des joueurs vénèrent tant ils furent les figures centrales d’un âge d’or révolu. L’arrivée de la 3D a porté un coup fatal au genre, compliqué à programmer sur les machines alors en pleine gloire (Playstation, Saturn, Nintendo 64) et difficile à rendre aussi fun et précis qu’en 2D dans le gameplay. Peu à peu, la production de beat’em all s’est ralentie, certains font toujours mouche (Devil May Cry, God of War ou les Onimusha) mais l’offre est devenu plus ou moins marginale, de niche. Elle connaît tout de même une sorte de revival chez les développeurs indépendants. Rock Zombie se veut un représentant du genre. On commence par choisir notre personnage, aux capacités qui différent les unes des autres. L’une est équilibré, l’autre est plus rapide et la dernière frappe bien fort. Classique, mais efficace même si on aurait aimé plus de différences dans les coups spéciaux. Donc Rock Zombie débute sur scène, avec un tutoriel lourd, qu’on ne peut pas écourter dans les futures parties. Le gameplay est on ne peut plus simple : un bouton d’attaque latérale, un d’attaque horizontale, un d’esquive et un pour courir. Rock Zombie ne fait pas dans la prise de risque. Le bouton de tranche, à droite, permet d’activer les coups spéciaux quand on l’associe avec les attaques, l’esquive, et permet même de déclencher un bouclier. Rock Zombie est évidemment compatible avec vos manettes, qu’on ne cessera de vous recommander pour ce genre de jeu.
Le problème est que Rock Zombie a beau se vouloir ultra-simple à jouer, il l’est beaucoup moins dans les faits. On a rarement vu autant d’imprécisions dans absolument tous les compartiments du jeu. Les ennemis, ainsi que les obstacles, ont une hitbox tellement approximative qu’on ne peut s’empêcher de hurler de rage quand un coup donné par un zombie, pourtant éloigné, vous touche quand même. Ou quand on veut récupérer une pièce et qu’on passe un temps inconcevable à tenter de se situer dans les décors ultra cheapos de Rock Zombie. L’effet des coups sur votre barre de vie a sans doute été décidé un soir de beuverie, tant la cohérence est aux abonnées absentes. Ainsi, le vomi vert d’un ennemi commun de Rock Zombie enlève plus d’énergie à votre avatar que les coups d’un boss. Embarrassant. Quand à l’esquive, nom d’un petit bonhomme, mais pourquoi avoir pris du temps à la développer pour ne lui donner absolument aucun intérêt dans Rock Zombie ? Esquiver d’une roulade doit offrir un laps de temps très court d’invincibilité, de l’ordre de la demie seconde, c’est la règle. Dans Rock Zombie, ce n’est pas le cas. Vous êtes entourés de quelques morts-vivants bien laids et vous savez que, si un seul vous touche, c’est parti pour l’éternelle danse de l’animation d’impact qui vous expose à tous les coups qui pleuvent. Comptez uniquement sur votre chance, et apprenez que, dans ce Rock Zombie, on n’est pas dans un beat’em all fun qui vous permet de frapper à tout va. Non, le gameplay plus qu’imparfait de Rock Zombie fait en sorte que vous passerez vos niveaux avec la mentalité d’un footballeur : on prend les zombies les uns après les autres.
Histoire de briser un peu la monotonie, Rock Zombie met en avant un système de combo, de scoring et de ramassage de pièces. Mais ne pensez pas que ça relèvera l’intérêt du jeu. Dans Rock Zombie, les combos se comptent sur les doigts d’une main. Le score a une répercussion sur vos gains bonus de pièces en fin de niveau, et plus vous faites de combos, plus vous marquerez de points. Aussi, plus vous administrez de coups sur les ennemis de Rock Zombie, plus votre compteur de coups enchaînés augmente, et une fois la barre des dix dépassées ça aura une incidence sur le score. Diablement passionnant ce Rock Zombie, n’est-il pas ? Surtout que tout ça est fait pour gagner des pièces, grâce auxquelles vous pourrez débloquer des choses dans le musée Rock Zombie. Nouvelles armes, nouvelles tenues, et surtout des artworks à la limite du foutage de tronche, tout ceci sera à vous après quelques parties de Rock Zombies passées à compter vos sous.
Ensemble comme un Rock Zombie.
On l’aura compris, Rock Zombie ne fait même pas partie de ces jeux tellement nazes qu’ils en deviennent sympathiques. Le minimum de gameplay n’est pas assuré, et l’ambiance… Entre la musique intolérable, la technique qui nous replonge au cœur de l’ère Playstation 2 (voire Playstation tout court, en fait) et une direction artistique infâme, Rock Zombie n’offre même pas ce petit plaisir d’avoir entre les mains un délire de concepteurs en mode déchainé. Alors, on parcourt les niveaux sans grande conviction. Et qu’ils sont longs, qu’elles sont interminables ces arènes, et répétitives en diable. D’ailleurs, la durée de vie de Rock Zombie est honorable pour le genre, et les différents modes de difficulté peuvent pousser les plus masos d’entre nous à relancer le jeu. Au milieu de toute cette tristesse, interviennent des véritables sursauts de « nanardise » dans Rock Zombie : deux phases véhiculées. Alors là, attention car vous n’avez jamais joué à ça. Qualifier ces phases de Rock Zombie de simulation de savonnette serait encore très éloigné de la réalité. On n’influe pas sur la vitesse, le tas de ferraille avance, et on se contente de rentrer dans le lard des zombies se dressant, dans une immobilité impassible, au travers de notre route. On doit éviter, tant bien que mal, des flaques de produits toxiques, voire de la lave en fusion (et pourquoi pas ?), et surtout ne pas se laisser surprendre par les mouvements indésirés du véhicule. Car oui, parfois la moto décide d’elle même de vous faire prendre un mur. Comme ça, parce que Rock Zombie a décidé que c’était drôle, ou juste parce que le stagiaire non-rémunéré alloué à ces niveaux n’en avait rien à faire.
Vous l’aurez deviné, on ne recommande pas l’achat de ce Rock zombie, et ce même dans l’optique de vous procurer un nanar rigolo. Signalons que le test fut effectué sur PC, que Rock Zombie tourne parfaitement sur une configuration faible (AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3) et que la manette Xbox 360 est prise en charge. Et informons que Rock Zombie ne contient même pas de mode multijoueurs. Ce jeu est le témoignage qu’on peut trouver tout et n’importe quoi sur nos plateformes de téléchargement, ici Steam et le Nintendo eshop, Rock Zombie étant disponible sur PC et WiiU. On se pose la question : mais comment un jeu aussi mal fini que Rock Zombie, ayant visiblement encore besoin d’une énorme séance de bêta-test, peut être mis en vente ?
Rock Zombie, les bonus.
Pour visiter le site officiel de Rock Zombie, où vous trouverez notamment le trailer, c’est par ici.
Pour voir un peu de gameplay de Rock Zombie, rendez-vous à cette adresse.
Pour lire d’autres tests de Rock Zombie, c’est notamment chez WiiUniverse.
Pour ne pas suivre nos conseils et tenter l’aventure Rock Zombie, c’est sur Steam ou Desura.
Pour mieux connaître l’histoire du genre beat’em all, dans lequel s’inscrit Rock Zombie, c’est sur NeoGeoKult et Scrolling.
- Les phases motorisées, niveau nanar c'est top.
- Le musée zombie.
- Gameplay tout simplement honteux.
- La musique, terriblement mauvaise.
- Direction artistique à chialer.