Teslagrad, un coup de foudre à la dure.
Teslagrad, c’est l’histoire d’un jeune garçon vivant dans le royaume d’Elektropia. Ce dernier est aux mains, depuis de longues années, d’un roi despotique, véritable dictateur aux méthodes peu scrupuleuses voire même carrément cruelles. Alors que le monarque éradique méthodiquement les membres de la confrérie de sorciers qui lui a permis de s’emparer du pouvoir au prix de guerres sanglantes, notre jeune garçon doit fuir le danger sans pour autant comprendre pourquoi il se retrouve ainsi traqué. S’échappant par les toits de son village, appelé Teslagrad, il se réfugie dans une immense tour qui contient les secrets de son passé, mais aussi des épreuves redoutables.
Teslagrad est le fruit d’un développeur indépendant Norvégien : Rain Games. Alors que le studio travaillait d’arrache-pied sur Minute Mayhem, il mit fin à ce projet multijoueur afin de se concentrer sur le présent soft, tout en gardant l’univers de « Chroma », le royaume dans lequel se passe l’action de Teslagrad. Bien vite, le choix s’avéra payant, le jeu devenant une véritable coqueluche dans les festivals de jeux. Ce qui n’est pas gage de réussite, on se souvient encore de l’expérience Nidhogg. Bref, l’œuvre de Rain Games attira l’œil pour plusieurs raisons, et le choix de développer sur Unity, un moteur tout-terrain permettant de programmer pour toutes les machines, fait qu’aujourd’hui le soft arrive sur PS3 et PS4 dans une version exactement identique à celle déjà sortie sur PC. D’ailleurs, ce test est réalisé sur un ordinateur portable bas de gamme (AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3) et, mis à part un ou deux toussotements, Teslagrad est fluide et beau comme un camion.
Teslagrad appartient au mouvement de ces jeux en 2D mélangeant plate-forme, réflexion et cherchant à narrer une histoire par le biais des codes vidéo-ludiques. On pense notamment à Braid ou Limbo pour les représentants les plus reconnus. Ici, tout commence sous la pluie, de la part de Rain Games on n’en attendait pas moins, avec une ambiance à la fois inquiétante et nostalgique. C’est simple : on a rarement vu aussi beau en terme de graphismes en deux dimensions. C’est à la fois très fin, très épuré, et ça profite d’une direction artistique sans fausses notes. Cet aspect, volontairement très dessin-animé, a tellement travaillé les développeurs que les sprites ont été dessiné à la main, et ça se voit tant le rendu a quelque chose d’enchanteur. La musique, si on peut lui reprocher d’être un poil chiche en morceaux, n’est pas en reste et apporte beaucoup au ressenti qui se dégage quand on prend la manette en mains. Teslagrad réussit à capter le joueur de suite, sans même avoir proposé un seul début de gameplay.
Mais les choses se corsent vite dans Teslagrad. Après s’être familiarisé avec les commandes grâce à une phase de jeu proposant de la pure plate-forme, tout en fuyant des soldats aux ordres de l’immonde monarque, le joueur atteint la tour où tout va se décanter pour son petit avatar. Et là, il faut s’attendre à du casse-tête corsé, de la difficulté parfois élevée et un vrai plaisir à prendre en main des objets carrément jouissifs. Mais d’abord, il faut comprendre les rouages du gameplay de Teslagrad. Encore une fois, c’est fait avec délicatesse, par le biais d’un tableau incrusté au décor. Certains pourront dire que ça brise un peu l’immersion, mais c’était ça ou employer une cinématique. Faisons la part des choses. Ces panneaux indiquent que le contact avec un robot nous transmet, pour un temps limité, de l’énergie qui fera s’envoler le jeune garçon dès qu’il rencontrera un halo bleu. Le cas de figure se présente immédiatement, avec des caisses entassées qui empêchent le joueur d’avancer. Un halo bleu, un robot, et le joueur de Teslagrad est fier de se débarrasser de ce menu obstacle.
Ceci n’est que le début des festivités que vous réserve Teslagrad. Bien vite, le jeune héros s’empare d’un gant, dont le pouvoir est de charger certains conteneurs d’une énergie qui peut se caractériser par deux couleurs : bleu ou rouge. Ces deux énergies fonctionnent sur le modèle magnétique : elle s’attirent quand elles sont des deux espèces différentes, ou s’éloignent quand elles sont de la même couleur. Un bloc rouge va donc attirer un bloc bleu. Tandis qu’un bloc rouge éloignera un bloc de la même couleur. Et pareil pour la couleur bleue. C’est très simple, et Teslagrad se charge de s’amuser à créer des situations mettant en exergue les possibilités de ce système. Un passage dont le sol est électrifié, alors qu’en hauteur un pont rouge, collé à un bloc bleu, pourrait vous permettre de passer ? Grimpez et donnez un coup rouge au bloc, et le pont tombera immédiatement. Encore une fois, c’est très simple mais ça se complexifie très vite, d’autant que les énigmes deviennent de plus en plus élaborées alors que le joueur trouve de nouveaux objets. Notamment une sorte de téléporteur dont l’utilisation est d’une jouissance assez phénoménale, donnant lieu à des séquences gratinées quand il faut l’associer à un autre objet. D’ailleurs, il faut signaler la grande exigence du jeu, que certains pourront trouver bien difficile. On est en face d’un pur « die and retry« , il faut donc s’attendre à mourir plus que de raison sur certains passages, avant de bien les maîtriser. Si le jeu est avant tout un jeu de réflexion et de plateforme, quelques boss sont au rendez-vous. Et là, vous allez peut-être vous demander longtemps quelle mouche a pu piquer Rain Games de n’avoir donné aucun système de point de vie. Car si vous vous faites toucher une seule fois, c’est la mort. Évidemment, le jeu propose des checkpoint réguliers, mais pas pendant les combats de boss. Dans ces passages, vous devrez battre la canaille en évitant tout contact, donc en connaissant par cœur ses patterns, au prix d’innombrables échecs. Les amateurs de défis relevés apprécieront, les autres auront du mal à terminer Teslagrad sans balancer au moins une fois leur manette.
Si Teslagrad est dur, connaissant une courbe de progression tout sauf injuste, il donne aussi beaucoup de plaisir. Pas de gloire sans se donner un peu de mal, et il faut dire qu’on avance plutôt vite dans le jeu en fin de compte. La durée de vie n’excède pas les quatre heures de jeu mais, pour voir la vraie fin, il vous faudra faire connaissance plus en profondeur avec l’aspect Metroid de Teslagrad. S’il vous est présenté juste avant le dernier boss, qui se cache derrière une porte vous demandant d’aller récolter 15 parchemins disséminés dans la tour, vous devrez en récolter plus du double pour avoir le vrai mot final de cette jolie aventure. Indiquons la totale inutilité de la carte, accessible via un bouton de la manette, qui ne donne aucune précision sur quoi que ce soit et dans laquelle on ne peut pas naviguer comme bon nous semble. On aurait aimé que cette map nous indique au moins où se trouvent les parchemins, ou garde enregistré ceux qu’on a aperçu. Cette chasse à l’item allonge évidemment la durée de vie, et un mode « new game + » se débloque, se bornant à vous proposer de recommencer avec tous vos objets dès le début. Et il faut avertir les joueurs PC qu’une manette est obligatoire pour profiter d’un confort de jeu total, sous peine de martyriser le clavier. Au total, si vous accrochez au jeu on peut tabler sur plus ou moins sept heures pour tout récolter, et ensuite ça dépend de votre envie de relancer Teslagrad sans aucune autre motivation que le plaisir, bien présent.
- Une ambiance mémorable.
- C'est dur, mais pas injuste.
- Des énigmes bien pensées.
- Durée de vie un peu courte.
- La carte ne sert strictement à rien.
- New game + paresseux.