No Land’s Song, de Ayat Najafi, sortira en DVD et VOD le 4 octobre. Et voici notre humble avis.
En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont pas le droit de chanter en public à moins d’être accompagnées d’un chanteur. En effet, la voix des femmes est considérée comme un élément perturbateur pouvant créer des émotions jugées inacceptables. Sara Najafi, jeune chanteuse et musicienne a décidé de se battre contre ça. Dans le documentaire No Land’s Song, réalisé par son frère, nous allons suivre son projet, celui d’organiser un concert officiel avec des chanteuses solistes. Une chose tout à fait banale chez nous, mais une petite révolution en Iran.
Tu ne chanteras point
En Iran, une femme peut chanter chez elle, pour ses proches. Mais point de chanteuses solistes autorisées sur une scène publique. Un interdit que Sara Najafi a décidé de braver dans No Land’s Song, se heurtant à la dureté de l’administration qui confine parfois à l’absurdité. Car la jeune femme veut faire les choses en règle : pas de concert underground non-autorisé. Elle veut organiser son événement en ayant l’aval des autorités. Elle se rend plusieurs fois, sans caméra mais avec un micro caché et vêtue d’une abaya, au Ministère de la Culture et de la Guidance Islamique. Elle se voit refuser les autorisations. « Essayez d’inclure un soliste homme » lui conseille-t-on.
Son entrevue avec un mollah chiite ne lui donne pas plus d’espoir. L’homme lui explique froidement que la voix des femmes ne doit pas dépasser une certaine limite, selon les paroles de Dieu. C’est une scène très difficile car on sent une frontière opaque entre le point de vue de l’artiste et celui du religieux. Pourtant Sara reste toujours posée, calme et souriante face à un système qui ne lui épargne rien.
La maltraitance de l’héroïsme
Le sujet de No Land’s Song est sensible et Sara Najafi inspire courage et admiration. Pourtant, aussi improbable que cela puisse paraître, le documentaire m’a laissée de marbre. A part quelques scènes où l’on est emporté par l’enthousiasme et la passion des artistes iraniens et français – parmi lesquels Jeanne Cherhal et Pauline Caron – le film est lent et sans rythme (paradoxal, en effet). L’intention de filmer un combat d’une ampleur que nos yeux occidentaux ne connaissent pas pas ne trouve pas dans les images une résonance grandiose. La mise en scène est plate et le montage hasardeux. Malgré son beau sujet, No Land Song ressemble à un petit reportage , un sujet du journal de 20 h.
Les images de Paris et Téhéran s’enchaînent sans véritable fil narratif. Et les enregistrements et vidéos d’archives de la chanteuse Qamar – star en Iran dans les années 20 – sont magnifiques mais mal positionnées dans le film. Pourtant cette femme est impressionnante : elle chante, tête nue, seule face à un public masculin, des chansons sur l’ivresse et le vin. C’était une pionnière, une guerrière de la musique qui a bravé les interdits. Et si peu de choses ont changé pour les chanteuses aujourd’hui, presque un siècle plus tard. Le décalage entre le sujet de No Land’s song et son traitement est trop grand pour m’émouvoir ou me passionner.
Si vous voulez lire un autre article sur le film, je vous conseille celui du Monde.
- Le courage et la détermination de Sara Najafi
- Un documentaire utile
- Peu rythmé, beaucoup de longueurs
- Le montage qui fait mal aux yeux
- Titre : No Land's Song
- Année de sortie : 2016
- Style : Documentaire
- Réalisateur : Ayat Najafi
- Synopsis : En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n'ont plus le droit de chanter en public en tant que solistes. Une jeune compositrice, Sara Najafi, avec l'aide de trois artistes venues de France (Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi), va braver censure et tabous pour tenter d'organiser un concert de chanteuses solo.
- Acteurs principaux : Sara Najafi, Parvin Namazi, Sayeh Sodeyfi
- Durée : 1h35