Critique – Pyramide

Critique du film Pyramide, réalisé par Grégory Levasseur, avec Denis O’Hare et Ashley Hinshaw. Chez Touthankamon, personne ne vous entendra crier.

Avec Pyramide, le couple artistique Grégory Levasseur et Alexandre Aja fortifie encore plus sa relation. En duo depuis 1999 (oui, le siècle dernier) pour Furia, le premier film de Aja, les deux acolytes auront réussi à ne pas trop faire mentir les américains quand ils parlaient, voilà bien longtemps, de french touch pour le cinéma d’horreur. Leur remake de La colline a des yeux surpasse l’original (ce n’était pas bien difficile diront les pas trop mauvaises langues), Mirrors a certes déçu mais reste acceptable, Piranha 3D est un modèle de film gore décomplexé. S’ils n’ont pas travaillé ensemble sur Horns, ils se retrouvent avec ce Pyramide. Mais cette fois-ci, c’est Levasseur qui est aux commandes, et Aja à la production.

Un survival chez les pharaons.

Pyramide prend place dans le désert égyptien, alors qu’un satellite nouvelle génération a découvert un site archéologique particulièrement surprenant. Curieux de savoir ce qui se trouve dans la pyramide, les archéologues Miles Holden (Denis O’Hare, Le Juge) et sa fille Nora Holden (Ashley Hinshaw, aperçue dans True Detective) veulent s’infiltrer dans le lieu quand ils reçoivent l’ordre de quitter les lieux. Avant d’obéir, ils décident d’utiliser un robot de la NASA afin de filmer en vitesse l’intérieur de la pyramide. Mais rien ne se passe comme prévu : la caméra de pointe se fait attaquer. Afin de récupérer l’équipement pour le moins coûteux, Miles et Nora Holden, accompagnés d’une équipe de tournage, décident d’aller en personne dans le lieu depuis longtemps scellé. Ce qu’ils vont y trouver dépasse l’entendement, et les prend en chasse…

image de l'affiche du film pyramideFound footage, mais pas trop.

Pyramide s’inscrit dans le cinéma de genre évidemment, et plus exactement dans la mouvance found footage, qui devient de plus en plus rare. Tant mieux diront certaines langues rassasiées de cette façon de filmer, capable de donner de sacrés frissons, mais qui malheureusement n’a jamais su véritablement réinventer ses codes. Le buisson qu’on filme pendant des plombes, le face caméra avec morve dégoulinante et pleurs inarrêtables afin de laisser un message avant de mourir, tout ça devenait un peu trop prévisible, et a fini par lasser. Alors que, disons-le, il s’agit certainement d’un des styles formels potentiellement les plus efficaces : on vous conseille fortement le segment Safe Haven de VHS 2 pour vous en convaincre. Bref, Pyramide est un found footage même si on sent bien que Levasseur n’avait pas spécialement envie d’utiliser ces plans à caméra portée, qui forcent à se concentrer sur un point de vue. Une gageure qui produit ses effets, notamment en terme d’immersion, mais qui peut aussi gêner la couverture d’une séquence. Donc, Levasseur inclut un petit artifice et multiplie les angles, afin d’obtenir un montage conventionnel. Le problème est que ça ne marche pas trop, on sent certains raccords un peu trop forcés, un peu trop conventionnels justement comme les séquences de dialogue en champ-contrechamp. L’effet est clair pour Pyramide : ça rend un peu caduc l’utilité de la mise en scène chaude que propose le found footage. En tout cas jusqu’à un certain point.

Sablier mortel.

Car si Pyramide s’avère décevant dans toute la partie exposition et développement scénaristique à cause de l’inutilité du found footage, ça devient évidemment beaucoup plus compréhensible quand ça commence à bouger. Et Pyramide ne déçoit pas à ce niveau. Très doué quand il s’agit de décrire la cruauté viscérale de situations cauchemardesques (on se souvient de la séquence traumatisante du père de famille dans La colline a des yeux), Levasseur prouve que son duo avec Aja n’a rien perdu de sa superbe à ce niveau. On citera évidemment la scène que tout le monde va retenir, celle du piège de sable, dont la panique inspirée aux protagonistes se retrouve superbement transposée à l’écran. On est aussi très touché par l’ambiance claustrophobe, la caméra portée est idéale pour bien rendre l’enfermement dans ces tunnels exigus qui n’en finissent pas. On n’est clairement pas dans l’effroi total, The Descent peut dormir tranquille, mais est-ce que Pyramide veut vraiment jouer dans cette cours ? Pas sûr du tout. Et c’est là que le gros du débat arrive, car Pyramide s’adresse à ceux qui ont encore le sens de la série B.

image tirée du film PyramideArchéologues du Dimanche.

Oui, l’histoire de Pyramide tient sur un grain de sable, et ce même si l’incursion dans la mythologie égyptienne apporte une petite touche de folie. De même, Levasseur a beau avoir donné aux archéologues un lien de parenté, ça n’est finalement que profitable pour un événement bien précis, pas spécialement pour un développement tout au long du film. Mais au-delà des considérations sérieuses et beaucoup trop solennelles, on ne peut nier l’incroyable effet que produit certains choix. Même si Ashley Hinshaw est véritablement une passionnée d’archéologie, on ne peut que rire en la voyant s’engouffrer dans la pyramide, tranquille, en débardeur, mini-short, et masque à gaz. On rit autant en voyant son père arborer un costume d’archéologue du Dimanche. Rien de bien crédible et qu’on se le dise : c’est sûrement maîtrisé. C’est purement série B, assumé, ça ne plaira pas à tout le monde mais peut-être que dans vingt ans ce sera reconnu à sa juste valeur par ceux qui seront les vieux cons de demain. Car on comprend que l’intention de Levasseur, avec Pyramide, n’est pas de chercher l’effet Rec, mais plutôt une ambiance entre Indiana Jones et Alien, le tout avec une petite dose d’humour. Un cocktail qui marche, même si Pyramide n’est pas exempt de tout reproche.

Une série B honnête.

En premier lieu, Pyramide souffre de son budget limité, et ça se voit dans ses effets spéciaux. Soyons clairs, les effets spéciaux font très images de synthèse de début de siècle, et ça ne joue pas spécialement en faveur du film. Certaines productions réussissent à rendre ces moyens limités plutôt croustillants, mais pas Pyramide. Aussi, la fin est clairement en-dessous, le dénouement étant carrément incompréhensible et peu entraînant. D’ailleurs, c’est le scénario entier qui pourra décevoir, ou plutôt provoquer l’ire des adeptes de l’originalité à tout prix. Mais à l’heure des comptes, il faut bien dire que ces défauts n’arrivent pas à retirer le potentiel sympathie de Pyramide, qui restera comme un divertissement conscient d’être mineur. Simple, mais efficace pour une belle soirée entre potes, et que demande-t-on de plus à une bonne série B ?

Pyramide, les bonus.

Pour voir la bande-annonce, mais aussi des extraits de Pyramide, ainsi qu’une interview de Grégory Levasseur et Alexandre Aja, rendez-vous chez Allociné.
N’hésitez pas à lire d’autres critiques de Pyramide, notamment sur MCM et Critikat.

Critique - Pyramide
Pyramide est une série B dans la plus pure tradition, certes pas exempte de reproches mais assez divertissante pour assurer un bon moment.
Scénario
Mise en scène
Acteurs
Image et son
On aime
  • La séquence du sablier.
  • Une cruauté parfois viscérale.
  • La situation claustrophobique.
On aime moins
  • Un found footage forcé.
  • Les effets spéciaux accusent le coup.
  • La toute fin.
2.7Note Finale
Note des lecteurs: (3 Votes)